Son Journal  :                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Accueil
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Paul Andrillon                                                                                                                                                                                                                                                            Fantassins 

7 novembre 1914                                                                                                                                                                            

          Je demande à passer dans l’infanterie. 

                        Paul Andrillon au Godat

 11…  Ordre de départ pour le 119eme que nous rejoignons à Pévy.

 13…  Départ à 23h pour la ligne de feu. Arrivée le

14…  à la Maison Blanche vers 1h . Placé comme troupes de réserve, nous nous reposons dans des tranchées souterraines pendant que les 75 et l’artillerie allemande tirent par-dessus nos têtes. Un obus allemand tue 8 hommes du 119eme.

 15…  Toujours en réserve ; départ à 23h pour la 1ere ligne.

 

Ci dessus :  vues depuis la tranchée de résèrve, au loin on apperçoit le Bois du Godat où se trouvent les positions allemandes (Photo collection P.Andrillon)

Ci dessus : Des compagnons d'armes du 119e RI dans les tranchées de résèrve au Godat (Photo collection P.Andrillon)

16…  Plusieurs obus allemand éclatent près de notre tranchée, les 75 leur répondent. Le soir mon escouade prend le petit poste ; je prends 2h de garde à 150 m des Allemands, il fait un froid de loup, et pas moyen de bouger, ce n’est pas le filon. Durant la journée un adjudant se fait descendre.

 17…  Toujours 1ere ligne, le froid est toujours aussi fort ;  rien d’intéressant dans la journée. La nuit les Boches envoient quelques rafales d’artillerie.

 18…  On nous relève à 5h du matin, départ à travers une multitude de boyaux et arrivée à Hermonville où nous cantonnons.

 21…  21h nous repartons pour la ligne de feu, nous allons en 1ere ligne, plusieurs obus nous sont tirés dessus pendant que s’effectue la relève, mais sans résultat.

 23…  Vers 6h attaque des Allemands, facilement arrêtée grâce aux 75.

 24…  Les Allemands nous envoient plusieurs gros noirs. L’un deux tombe dans une tranchée et tue quatre des nôtres.

 25…  Vers 4h relève ; nous sommes en réserve à Cauroy. Les Allemands bombardent le village, on s’embusque dans les caves.

 29…  Départ à 5h pour la Maison Blanche.

30…  Les Allemands tirent sur nos tranchées, un obus tombe sur une cabane, pas de tué. Départ à 21h pour Pévy.

 1er décembre 1914

          Repos

 

Soldats du 119e RI, P.Andrillon 3ème en haut en partant de la droite sur photo1, 3ème en bas en partant de la droite sur photo 2 (Photos collection P.Andrillon)

5….  Un 77 tombe dans une grange voisine de notre cantonnement et tue net un camarade. Je ne me frappe pas et déguste un chocolat dans la cour. 2minutes après 2eme 77 qui tombe juste sur notre abri ; personne n’est touché, je reçois du plâtras à volonté, un débris envoie mon quart en bombe ; tout le monde se défile à la cave. Pendant 1 /2h les obus tombent sur notre cantonnement, il n’y a pas d’accident tout le monde étant embusqué.

 6….  Nouveau bombardement, 3 soldats du 119eme et une vielle femme sont tués.

 ….  Je pars en expédition la nuit avec mon cabot et Pagès. Je me retourne la figure dans les fils de fer.

         Pendant 3 heures nous scrutons l’horizon, avons plusieurs alertes ; un Allemand s’avance à 10 mètres de nous, nous le laissons filer.

14…  On me nomme fonctionnaire cabot, mince de luxe. Dans la nuit un sous-off et moi partons en expédition dans les fils de fer ayant entendu du bruit ; nous croyons voir une ombre se défiler.

23…  5 obus éclatent ensemble à quelques mètres de nous, plat ventre général, personne n’est atteint.

 1er janvier 1915

          Ordinaire succulent.

5….  Bombardement de nos tranchées, il nous arrive une quarantaine d’obus dont pas mal de gros noirs. L’un d’eux tombe sur la tranchée, met un type en bouillie et en blesse légèrement un autre. Un éclat tombe près de moi.

 25…  Alerte dans la nuit, quelques 77 tombent au ras de la tranchée, pas de dégât.

 26…  Dans l’après-midi alerte, arrosage de 77, plusieurs tombent près de nous, personne n’est touché. La nuit Pagès et moi partons en reconnaissance de l’autre côté des fils de fer ayant entendu du bruit et ne trouvons qu’une motte de terre.

 29…  A 20h, départ pour Cauroy, une mitrailleuse nous tire dessus, nous nous défilons par groupe de 8 personnes, personne n’est atteint.

 1er février

         Je vais en corvée dans un bois près de Cauroy, deux 77 nous arrivent sur la tête, plat ventre, personne n’est touché.

 8….  Profitant du calme, un patrouilleur et moi faisons une partie d’écarté sur la tranchée, une balle arrive près de nous, nous redescendons illico

16…  A 11h, notre artillerie bombarde les tranchées ennemies, jusqu'à 18h, feu intense. Le 5e et le 39e attaquent, le 5e est arrêté par une mitrailleuse que nos pièces n’ont pas démolie.

 17…  Nous sommes bombardés à notre tour durant 1h environ.

 12 mars

Calme absolu, un camarade et moi chahutons sur la tranchée, personne ne tire.

17…  Je me blesse légèrement à la main en posant des fils de fer.

 5 avril

         Je fais les patrouilles depuis quelques jours, nous posons un téléphone acoustique à 60 mètres des Boches.

 6….  Nous allons à 90 mètres des Boches, la lune nous éclaire comme en plein jour, aussi nous arrive-t-il un feu de salve, plat ventre, nous rampons une vingtaine de mètres à reculons, puis repartons debout vers nos tranchées ; 2e feu de salve auquel nous répondons et 2e plat ventre, nous nous relevons, 3e feu de salve, encore un plat ventre. Après un instant d’immobilité, nous nous relevons et regagnons notre tranchée sans accident.

 7….  Le chef de patrouille, un patrouilleur et moi partons à la recherche d’un équipement abandonné la veille. Clair de lune, nous partons à quatre pattes, retrouvons l’équipement et revenons debout sans qu’on nous tire dessus.

 23…  Nous sommes relevés définitivement et partons à Prouilly.

 10 mai

Embarquement à 8h à Jonchery, direction Paris. Nous passons à Meaux, Noisy le Sec, porte de St Denis ; accueil fameux, mais la vue de Paris me donne un sale cafard. Nous prenons la direction du Nord, par Creil, Compiègne, Amiens où nous débarquons à 22h. Là des autos nous attendent et nous trimballent toute la nuit. Arrivée le

11… à Coullemont où nous nous reposons enfin.

 20… Une mitrailleuse tirant sur un aéro boche envoie des balles dans notre cantonnement, un camarade est blessé.

 20 juin

        Départ pour les tranchées où nous sommes en réserve en avant d’Aix-Noulette.


21…Je pars la nuit comme volontaire ravitailler la 1ere ligne, Glandaze, chargé de retrouver le 2eme bataillon nous conduit heureusement à bon port.

 22…Ma compagnie est encore chargée de ravitailler la 1ere ligne ; mon escouade sous les ordres de Glandaze réussit sans dommage bien que nous fassions les 2/3 du parcours dans la plaine.

 23…Nous partons relever le 2eme bataillon en 1ere ligne. Nous arrivons sans dommage malgré un fort bombardement du boyau. La vie en 1ere ligne n’a rien de gai, tout ravitaillement est à peu près impossible et les Boches arrosent constamment avec du 155, 210 et même 305.

 24…Je reçois un petit éclat d’obus à la poitrine en dormant, ça me fait l’effet d’un coup de poing et c’est tout.

25…A 8h du soir les 9eme et 10eme compagnies attaquent a la baïonnette la position ennemie. Ma compagnie a pour mission de construire un boyau reliant nos positions aux nouvelles, mais l’attaque échouant, nous mettons baïonnette au canon et attaquons, nous arrivons à 30m des Boches, leurs mitrailleuses nous font beaucoup de pertes, mais nous le leur rendons. Nous nous replions un peu et nous fortifions, nous nous cramponnons en attendant l’arrivée de renforts qui nous tirent d’affaire et passent la pâtée aux Boches.

  26…Au petit jour nous sommes remplacés par la 11eme Cie et revenons à nos premières tranchées. Nous subissons un violent bombardement entre 21h et 22h, heure à laquelle nous sommes enfin relevés.

 27…Nous nous rendons individuellement à Gouy Servin, nous n’avons plus rien du soldat, c’est un troupeau de rescapés.

 29…Nous partons à Diéval.

 10 juillet

        Départ à 18h pour la ligne de feu où nous arrivons le

 11…vers 1h. Nous sommes en 1ere ligne entre Souchez et Neuville St Vaast.

 12…Bombardement intense des Boches.

 13…Un 75 tombe à côté de moi, pas de mal.

 14…L’ordre est donné d’attaquer la tranchée adverse. Après 4h de bombardement par nos pièces, deux sections des Cies 11 et 12 partent à la baïonnette. Ma section devant partir en 2eme ligne nous attendons dans la tranchée l’ordre d’attaquer. Malheureusement le feu de nos pièces n’a fait aucun dégât dans les fils de fer ennemis, et l’attaque échoue. Mouvement de repli, nous reprenons nos positions primitives prêts à repousser une contre-attaque qui ne se produit pas.

Nous sommes remplacés dans la nuit par une autre Cie et partons dans une tranchée de réserve.

 15…Vers 23h relève, toujours en débandade et arrivée le

 16…au matin à Acq d’où nous sommes embarqués en auto pour Neuville au Cornet.

 17…31 Repos.

 1er août

       Canettemont où nous sommes en réserve ; région très calme, de rare obus éclatent très loin du village.

 7….Brey-Neuville St Vaast où nous sommes en 1ere ligne.

 8.... Journée calme, la nuit pose de fils de fer.

 10…Je suis affecté à la corvée de ravitaillement, promenades nocturnes à la Targette.

 12…Dans la nuit nous quittons la 1ere ligne pour occuper une tranchée de réserve dans Neuville.

 13…Rien d’intéressant, la nuit ravitaillement.

 14…Je profite de mes heures de loisir pour excursionner dans Neuville (ruines, souvenirs boches).

 18…2eme séjour en 1ere ligne.

 20…Départ en permission.

 21…Arrivée à Paris

 28…Retour au boulot.

 29…Arrivée 2h à Tinque où je débarque du train ; je rejoins mon régiment à Gouy en Ternois où il est au repos.

 21 septembre

        Embarquement dans les autos pour Acq, d’où nous partons à la nuit pour les tranchées. Nous terminons les sapes pour l’attaque prochaine.

 22…Travaux de sape ; notre artillerie arrose constamment les tranchées boches.

 23…A minuit nous retournons à Acq dans un piètre état cause de boue.

 24…A la tombée du jour retour aux tranchées où nous arrivons couverts de boue en 1ere ligne.

 25…Bombardement effrayant de notre artillerie toute la matinée ; vers 11h nous occupons les sapes, le spectacle est superbe, de tout les points de la plaine nos pièces font rage, impossible de rien distinguer chez les Boches, ce n’est que fumées, tout le monde a confiance dans l’issue de l’attaque.

Ci dessus, croquis de l'attaque du 25 septembre 1915 au Bois de la Folie, et des mouvements prévus les jours suivants. Dessiné par Paul Andrillon dans la tranchée.

        Vers 12h 1/4 on m’envoie couper le réseau de fils de fer à 5m de la tranchée, personne ne me tire dessus. Du côté de Neuville les pompiers arrosent les Boches avec du liquide enflammé ; 12h 1/2 : en avant. A peine sorti, les mitrailleurs Boches de 1ere ligne nous arrosent d’une pluie de balles. Je parcours 10 mètres debout et m’effondre comme un paquet de linge sale knock out.

        Comme je ne suis que légèrement touché au bras et à la jambe, je ne perds pas de temps et me traîne jusqu’au bord de la tranchée où mon lieutenant me réceptionne et me dépose délicatement au fond. Sans trop de difficulté j’arrive au poste de secours où on m’expédie à l’arrière ; ma jambe s’engourdit et j’arrive très fatigué aux voitures d’ambulance (ferme de Berthonval) d’où on m’emmène à Hte Avesnes.

                                                                                                                                                                                                               
26…2eme pansement et évacuation à l’intérieur. On m’embarque à 21h dans le train à Aubigny, je roule toute la nuit.

 

                                  Station de voitures sanitaires devant la gare d'Aubigny                                                                               Fiche d'évacuation de Paul Andrillon

 27…Arrivée à 20h à Dieppe où je suis transporté à l’hôtel Royal. 



2ème certificat de visite daté de décembre 1915.


Carte adressée par la Comtesse d'Eu aux soldats convelascents lors de sa visite à l'Hotel Royal de Dieppe en Décembre 1915